Les acouphènes, définis comme la perception de sons en l’absence de stimulation sonore externe, sont un trouble auditif courant qui affecte une large part de la population, en particulier les personnes âgées. Ces sons, souvent décrits comme des sifflements, bourdonnements, crépitements ou des tintements, peuvent être temporaires ou chroniques et leur intensité varie d’une personne à l’autre. En France, près de 6 millions de personnes sont concernées, soit environ 10% de la population générale, et 30% des seniors souffrent de ces troubles auditifs. Ces chiffres illustrent l’ampleur de la problématique, car les acouphènes peuvent considérablement altérer la qualité de vie des personnes âgées, exacerbant leurs fragilités physiques, émotionnelles et mentales.
Les acouphènes se divisent en deux types selon leur origine : les acouphènes subjectifs, sans cause acoustique extérieure, perçus uniquement par la personne affectée, et les acouphènes objectifs, associés à des anomalies vasculaires ou musculaires audibles par un professionnel de santé lors d’un examen médical.
Anatomie de l’oreille
Pour comprendre les acouphènes, il est essentiel de rappeler brièvement le fonctionnement du système auditif, composé de trois parties principales : l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne.
L’oreille externe comprend le pavillon et le conduit auditif, qui captent et canalisent les ondes sonores vers le tympan.
L’oreille moyenne contient les osselets, trois petits os appelés le marteau, l’enclume et l’étrier, qui amplifient les vibrations transmises par le tympan et les acheminent vers l’oreille interne.
L’oreille interne abrite la cochlée, une structure en spirale remplie de liquide et de cellules ciliées, qui convertissent les vibrations en signaux nerveux transmis au cerveau par le nerf auditif.
Lorsque ce mécanisme est perturbé, que ce soit par des lésions dans l’oreille interne ou des anomalies dans la transmission des signaux auditifs, des sons peuvent être interprétés sans source externe, donnant lieu aux acouphènes.
Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux acouphènes en raison des changements naturels liés au vieillissement, qui fragilisent le système auditif. La dégénérescence progressive des cellules de l’oreille interne, combinée à des pathologies fréquentes comme l’hypertension, les troubles circulatoires ou le diabète, augmente le risque d’apparition d’acouphènes. Cette fragilité auditive est souvent exacerbée par des facteurs émotionnels et sociaux, propres au vieillissement, créant un contexte propice à l’apparition de ce trouble auditif. Voici les principales causes d’acouphènes chez les seniors.
• Le vieillissement de l’oreille interne :
Avec l’âge, les cellules ciliées de l’oreille interne, qui jouent un rôle clé dans l’audition, se détériorent progressivement. Cette dégradation, connue sous le nom de presbyacousie, figure parmi les causes principales des acouphènes chez les personnes âgées. La perte d’audition rend l’oreille plus sensible aux bruits internes, provoquant des bourdonnements ou des sifflements. En d’autres termes, l’oreille, devenue moins capable de distinguer les sons externes, amplifie les sons internes, qui sont alors perçus comme des sons indésirables.
• L’hypertension artérielle :
L’hypertension, fréquente chez les personnes âgées, peut affecter la circulation dans les vaisseaux sanguins de l’oreille interne, provoquant des acouphènes pulsatiles, perçus en rythme avec les battements du cœur. Ce type d’acouphène peut être exacerbé par des facteurs comme le stress et l’anxiété.
• Effets secondaires des médicaments ototoxiques: Certains médicaments, fréquemment prescrits aux seniors, peuvent présenter une ototoxicité, c’est-à-dire des effets toxiques pour l’oreille interne. Parmi eux, on trouve certains diurétiques, antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens et traitements pour l’hypertension artérielle, qui peuvent, dans certains cas, provoquer ou aggraver des acouphènes.
• Stress et anxiété : Bien que le stress et l’anxiété ne soient pas des causes directes des acouphènes, ils peuvent les aggraver et en augmenter leur perception. Les personnes âgées peuvent ressentir du stress lié à leur état de santé général ou à l’isolement social, ce qui crée une hypervigilance et une focalisation sur les sensations physiques comme les acouphènes, rendant ces bruits plus présents et perturbants dans l’esprit de la personne. Ce phénomène peut générer un cercle vicieux, où l’anxiété amplifie les acouphènes, et ces derniers, à leur tour, exacerbent l’anxiété.
• Problèmes de circulation sanguine : Le vieillissement peut entraîner une réduction de la circulation sanguine dans tous le corps, y compris dans l’oreille interne. Ce défaut d’irrigation peut provoquer des acouphènes et d’autres troubles auditifs.
• Maladie de Ménière : Cette pathologie, bien que moins fréquente, est une cause importante d’acouphènes chez les seniors. Elle entraîne des troubles auditifs et des vertiges liés à un déséquilibre des fluides dans l’oreille interne.
• Expositions prolongée au bruit : Certaines personnes âgées ont été exposées à des niveaux de bruits élevés pendant leur vie professionnelle ou leurs loisirs, ce qui peut avoir endommagé leur audition. Même si cette exposition n’a pas immédiatement provoqué d’acouphènes, les effets peuvent se manifester plus tard, avec l’usure naturelle de l’oreille.
• Otospongiose : Bien que plus rare, l’otospongiose est une affection progressive qui affecte les os de l’oreille moyenne, en particulier l’étrier. Cette altération des structures osseuses empêche la transmission normale des sons vers l’oreille interne, entraînant une surdité dite de transmission. Dans certains cas, cette anomalie osseuse peut également causer des acouphènes.
Les acouphènes, bien plus qu’une simple gêne auditive, peuvent entraîner des conséquences importantes et souvent sous-estimées sur le bien-être physique, mental et social des personnes âgées. Au-delà de l’incorfort sonore, ils interfèrent avec plusieurs aspects du quotidien, affectant à la fois la santé et la qualité de vie. Voici les principales répercussions que peuvent engendrer les acouphènes.
• Perturbation du sommeil : Les acouphènes peuvent rendre l’endormissement difficile et nuire à la qualité du sommeil, provoquant une fatigue accrue, de l’irritabilité ainsi que des difficultés de concentration et de mémorisation.
• Anxiété, troubles de l’humeur et dépression :
Les acouphènes sont source de stress et d’anxiété, surtout lorsque la personne craint une aggravation de son état ou qu’elle se sent impuissante face au bruit permanent. Cette anxiété, si elle persiste, peut conduire à la dépression. Par ailleurs, les troubles de l’humeur, tels que l’irritabilité et la tristesse, sont fréquents, exacerbant le sentiment de frustration et d’impuissance. Les seniors peuvent se sentir découragés par leur condition et perdre tout intérêt pour leurs activités habituelles, contribuant ainsi à l’aggravation de leur état émotionnel.
• Isolement social :
Les personnes âgées souffrant d’acouphènes peuvent se sentir gênées par leur état, réduisant ainsi leur participation aux activités sociales ou familiales. Ce repli social est parfois accentué par une perte auditive associée aux acouphènes, qui complique les interactions et réduit la motivation à entretenir les liens sociaux, altérant ainsi la qualité de vie des seniors.
• Déclin cognitif : En plus des effets sur la qualité de vie, les acouphènes peuvent également altérer certaines fonctions cognitives. La gêne constante des acouphènes, associée au manque de stimulation sociale et aux perturbations du sommeil, peut épuiser les ressources mentales, entraînant une baisse de la concentration et de la mémoire, des fonctions essentielles au maintien d’une bonne santé cognitive.
• Aggravation de l’hyperacousie : Chez certaines personnes âgées, les acouphènes s’accompagnent d’hyperacousie, une hypersensibilité aux sons environnants. Cette sensibilité accrue rend la vie quotidienne plus difficile, car les bruits soudains ou forts deviennent insupportables, poussant la personne à éviter les environnements bruyants et accentuant ainsi son isolement.
Les acouphènes, souvent intrusifs et perturbants, représentent un défi majeur pour le bien-être des personnes âgées, affectant leur qualité de vie sur le plan physique, mental, émotionnel et social. Bien que divers traitements médicaux existents, tels que des vasodilatateurs, des anxiolytiques, ou encore des prothèses auditives générant un bruit de fond, ces approches n’apportent pas toujours un soulagement suffisant. En complément, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et les techniques de rééducation auditive ont montré des bénéfices, mais un besoin persiste pour des solutions plus holistiques.
Dans ce contexte, la sophrologie, grâce à ses techniques de respiration contrôlée, de relaxation musculaire et de visualisation positive, constitue un soutien précieux pour les personnes âgées souffrant d’acouphènes. Cette approche aide à mieux gérer les perceptions liées aux acouphènes et à améliorer le bien-être global des seniors.
La respiration contrôlée, en régulant le rythme respiratoire et en activant le système nerveux parasympathique, agit directement sur le stress et l’anxiété. Elle diminue l’agitation interne provoquée par les acouphènes et favorise un retour au calme, atténuant ainsi les réactions émotionnelles intenses.
La relaxation musculaire aide à relâcher les tensions physiques causées par le stress et la fatigue associés aux acouphènes. Ce relâchement corporel a un effet bénéfique sur le mental : lorsque les muscles se détendent, le corps envoie des signaux de calme au système nerveux, ce qui réduit le stress mental et favorise un apaisement général. Cette détente permet de mieux gérer la présence des sons intrusifs et d’en réduire l’impact.
Les exercices de visualisation invitent à créer des images mentales apaisantes et positives. Cela modifie la perception des acouphènes en orientant l’attention vers des sensations agréables, ce qui aide à réduire l’impact de ces sons persistants et à renforcer un sentiment de maîtrise sur les émotions .
La sophrologie grâce à ses techniques, offre une approche globale qui va au-delà de l’apaisement physique et mental. Elle permet notamment de :
• Détourner l’attention portée sur les acouphènes
l’hypervigilance auditive amplifie souvent la perception des acouphènes. Au début de l’accompagnement, la sophrologie propose d’accueillir le son de manière neutre, en se concentrant sur l’acouphène sans jugement. Cela permet de briser la perception anxiogène associée au bruit, en apprenant à l’observer sans se laisser submerger par les émotions négatives telles que la peur, l’irritabilité ou la frustration. Ensuite, par des exercices de respiration contrôlée, de relaxation et de visualisation positive, la personne apprend à détourner son attention du bruit interne et à réduire la focalisation sur celui-ci. Ces techniques apaisantes, telles que la concentration sur la respiration ou les sensations corporelles, permettent de réduire l’impact envahissant des acouphènes. Cette étape essentielle prépare le terrain pour l’habituation, en diminuant la réactivité immédiate face aux bruits perçus.
• Favoriser l’habituation
L’habituation consiste à adapter le cerveau à percevoir les acouphènes sans générer de stress ni de réaction émotionnelle excessive. La répétition régulière des exercices de sophrologie, permettant de détourner l’attention de l’acouphène, aide la personne âgée à se reconnecter à son corps tout en se détachant progressivement du son. L’acouphène reste présent, mais perd peu à peu son caractère envahissant pour devenir un élément neutre de l’environnement sonore. En développant cette adaptabilité, la personne parvient à intégrer progressivement l’acouphène dans son quotidien, libérant ainsi son attention pour se concentrer pleinement sur les activités et les relations qui lui sont chères.
• Améliorer l’équilibre émotionnel
Les acouphènes persistants peuvent être source de fatigue intense et de troubles de l’humeur chez les personnes âgées. La fatigue physique et mentale causée par ces bruits continus impacte leur bien-être global, menant à des états de nervosité, d’irritabilité voire à des episodes d’angoisse et de découragement. Avec le temps, ces troubles passagers de l’humeur peuvent se transformer en un déséquilibre émotionnel chronique.
La sophrologie aide les personnes âgées à retrouver l’énergie et l’apaisement mental. Elle renforce leur capacité à gérer leurs réactions émotionnelles, leur permettant de se sentir moins submergées par les bruits et les émotions négatives. Ce renforcement vise à restaurer un sentiment de contrôle et de calme face aux acouphènes, favorisant une meilleure stabilité émotionnelle au quotidien.
• Améliorer la qualité du sommeil
Les seniors souffrant d’acouphènes rencontrent souvent des difficultés à s’endormir. En effet, la tranquillité de la nuit peut accentuer la perception du bruit, augmentant l’anxiété liée à l’endormissement. De plus, au réveil, la perception de l’acouphène peut être plus forte, car les mécanismes de défense naturels du corps, inhibés pendant le sommeil, mettent parfois du temps à se réactiver. Cette appréhension du sommeil, associée à un réveil difficile, peut entraîner des insomnies répétées et une fatigue chronique.
La sophrologie offre une réponse efficace en permettant aux personnes âgées de gérer ces appréhensions liées au sommeil. Grâce à des techniques de relaxation profonde et de respiration contrôlée, elle aide à apaiser le corps et l’esprit avant le coucher, réduisant ainsi l’anxiété et en favorisant un endormissement plus serein. La sophrologie aide à réduire l’intensité ou la perception des acouphènes pendant la nuit, brisant le cercle vicieux de l’anxiété et de l’insomnie, contribuant ainsi à améliorer la qualité du sommeil et à une sensation de bien-être général.
• la prévention de l’isolement social
L’isolement social peut être une conséquence fréquente des acouphènes. Les efforts déployés pour suivre des conversations, notamment quand l’acouphène est associé à une perte auditive, génèrent une fatigue mentale qui peut être dissuasive. La peur du jugement et la gêne occasionnée par les bruits extérieurs, qui amplifient les acouphènes ( notamment dans le cas d’hyperacousie), freinent également les interactions. La sophrologie aide à retrouver le plaisir dans les interactions sociales en favorisant l’ouverture aux autres et en atténuant les peurs. Les exercices de sophrologie, pratiqués individuellement ou en groupe, renforcent un sentiment de sécurité intérieure et augmentent la confiance en soi, facilitant ainsi une meilleure intégration dans le cercle social.
Grâce à ses nombreuses techniques, la sophrologie permet aux seniors de mieux vivre avec les acouphènes en apportant des solutions aux troubles associés tels que l’anxiété, les perturbations du sommeil, la perte d’énergie et le repli social. En renforçant la capacité d’adaptation et en offrant des outils pour gérer le stress et les émotions, la sophrologie devient une alliée précieuse pour les personnes âgées. Il convient de rappeler que la sophrologie ne remplace pas un traitement médical, mais intervient en complément pour mieux gérer les effets des acouphènes et des troubles associés. Toute personne souffrant d’acouphènes est encouragée à consulter un professionnel de santé pour un diagnostic précis.
L’approche sophrologique, axée sur l’acceptation et la résilience, aide les seniors à retrouver une qualité de vie, malgré les acouphènes, en les encourageant à renouer avec leur propre potentiel de bien-être et d’épanouissement.
Par Isabelle Cazauran, le 11 novembre 2024
Sophrologue certifiée RNCP, Naturopathe et docteur en pharmacie .
Sophrologue spécialisée dans l’accompagnement des acouphènes.
Sophrologue spécialisée dans l’accompagnement des personnes âgées.